ARCHITECTURES pour de nouvelles ruralités

Quelles architectures imaginer, proposer et développer pour redéfinir les modes de vie de ces territoires ruraux en imaginant des relations de réciprocité entre environnement naturel et communautés, en développant la recherche d’autonomies connectées et en prenant en compte les bouleversements climatiques ? > lire la suite

Florence Sarano & Yvann Pluskwa


Penser en terme de scénarios intégrants toutes ces données est la première étape dans laquelle vont s’inscrire les projets d’architecture.
Face au constat d’une production offrant peu d’alternatives entre les constructions banales et génériques se dressant dans les zones artisanales ou les mauvaises imitations d’architectures vernaculaires des lotissements en séries et des résidences secondaires. Quelles alternatives possibles pouvons-nous imaginer pour notre avenir commun ?
Des architectes concoivent d’autres types d’habitations, d’équipements et d’espaces publics: c’est possible.
En conséquence nous espérons d’autres horizons et les projets des étudiants déploient ces recherches, interrogeant ainsi la production actuelle liée à des règles qui devraient permettre de développer des modes de vie pour ces nouvelles ruralités.
Nos projets sont donc éthiques et critiques, exploratoires et atopique (1) parce que les écoles d’architectures participent à chercher à imaginer la diversité des possibles dans la singularité des lieux.

Notre démarche pédagogique développe trois axes :

ARCHITECTURES INTERACTIVES : POUR COMPOSER DES MONDES

« Construire une architecture en tant qu’elle produit des transformations qui vont au-delà de l’existence de l’objet construit, une architecture active, agissant comme un déclencheur, un transformateur.» Alain Guiheux.
Nous revendiquons ce potentiel d’action de l’architecture pour le déployer dans chaque projet quel que soit son échelle.

Les capacités d’actions des édifices sont à mettre au service des enjeux actuels comme autant d’opportunités de projets.

Il est possible d’imaginer de nombreux types d’actions: un édifice participant à la régénération d’un lieu, à sa réparation, ou agissant comme un révélateur, un amplificateur… d’autres développent des actions thérapeutiques ou pédagogiques… permettant d’éprouver le territoire dans le sens d’épreuve, de preuve … de soi.
En symbiose avec le lieu, l’architecture prendra soin des territoires ruraux et de ceux qui y vivent : les conflits son autant d’opportunités de projets.

Toutes ces actions composent des mondes à la manière de Bruno Latour qui nous invite aujourd’hui à penser les modalités d’associations, d’assemblages et d’harmonies de ces mondes. Le programme porte des ambitions mais c’est l’édifice qui les active et transforme cette vision en expériences quotidiennes.

ARCHITECTURES SOURCÉES : POUR CONSTRUIRE ENSEMBLE

Concevoir une architecture sourcée c’est débuter par une lecture attentive du territoire, ses ambiances, sa matérialité, ses ressources, ses savoir-faire constructifs, mais aussi sa culture, ses récits et ses valeurs.

L’expérience du lieu prend en compte ses dimensions historiques, ses récits, ses caractéristiques géographiques, culturelles, l’évolution de ses milieux tout en le reliant aux autres échelles de territoire pour saisir les interactions avec d’autres lieux en termes de dépendance ou de réciprocité.
Nous sommes attachés à la lecture des architectures vernaculaires, du patrimoine, leurs évolutions et les savoirs constructifs liés aux matériaux, aux énergies disponibles et à la gestion des ressources locales : le secret des sources contient tout cela.

Si le projet nait de cette expérience consciente des lieux, une fois terminé il en révèle l’essence. Il offre aux habitants des modes d’habiter uniques et poétiques dont les temporalités donnent le rythme des synergies permanentes entre milieux et vivants.

DISPOSITIF ARCHITECTURAL POUR ATTEINDRE LA SIMPLEXITÉ

Un dispositif architectural qui « produit tout à la fois de l’émotion, du sens, de l’action et de l’usage et finalement de l’expérience de soi. A. Guiheux »
Ce dispositif est semblable à tous les rouages d’une mécanique qui ne peuvent fonctionner les uns sans les autres. Nous recherchons un dispositif qui se doit d’intégrer la complexité des situations pour la rendre simple. Loin des gestes architecturaux c’est au contraire une intelligence de la construction, de la mise en oeuvre, une économie qui relie les acteurs pour produire une simplicité singulière et poétique.

DEMARCHE PEDAGOGIQUE, IMMERSION & OUTILS
(CARTES, DIAGRAMMES, MAQUETTES ET PROJETS)

De la conscience des enjeux planétaires à la place des territoires ruraux dans ce contexte historique, de l’ambition à faire évoluer les modes de vie aux propositions prospectives, de l’architecture active à la simplexité : les différentes étapes de l’atelier sont toujours reliées à la phase d’immersion dans le site.

Les cartes de données problématisées et les diagrammes sont le point de départ. Puis nous déterminons des enjeux et des scénarios dans lesquels s’inscrivent les architectures actives. C’est un travail collectif préalable à la production individuelle.
L’attention première à la matérialité de l’édifice et à ces liens avec le territoire sont fondamentaux. Les maquettes permettent cette exploration.
L’étudiant défini ensuite «une déclaration d’intentions» qui lui est propre : c’est le départ du projet et ce qui lui permettra d’évaluer ses choix architecturaux tout en les partageant avec tous les acteurs.