DES INTENTIONS AUX ACTIONS

2022. Communication présentée pour les 5e rencontres du Réseau EnsaÉco à Toulouse «Urgent ! Propulser la transition écologique : des intentions aux actions». Elles sont l’occasion d’échanger sur les initiatives, les freins et les applications concrètes de la transition écologique dans les écoles d’architecture.

PAR L’ÉQUIPE PÉDAGOGIQUE
FLORENCE SARANO
YVANN PLUSKWA, JORDAN SZCRUPAK

enseignants

ENSA MARSEILLE


« Urgent ! Propulser la transition écologique : des intentions aux actions. »

RENCONTRES 5 DU RÉSEAU ENSAÉCO

18-19 novembre 2022 – ENSA TOULOUSE

avec actes en cours de publication

M

En novembre 2023, dans le cadre des Rencontres 5 du réseau scientifique Ensaéco nous avons été retenus sur la thématique “Basculements pédagogiques, bousculements sur le terrain ” et nous avons présentée la communication suivante:

Dispositifs pédagogiques expérimentaux et commandes pour les territoires ruraux :

L’apport des projets hors les murs, l’exemple de l’atelier des horizons possibles.

Florence Sarano, Yvann Pluskwa, Jordan Szcrupak

(extrait) Nous posons l’hypothèse que pour collaborer à l’avant-garde de la transition écologique les écoles puissent contribuer, activer, explorer, osons le revendiquer agir pour et avec le monde, en imaginant et partageant des savoir-agir compétents. À partir des relations entre recherche-action et ateliers hors-les-murs nous proposons trois axes de réflexions pour contribuer à penser les modalités d’actions.

La transition écologique[1] nous engage dans la nécessité de passer des intentions aux actions[2] face aux enjeux de l’habitabilité du monde dans un contexte d’incertitudes permanentes pour tous les vivants[3]. Pourtant, si être vivant c’est justement être en action permanente de transformations[4] alors comment avons-nous agit au point de dépasser la capacité de régénération des systèmes terrestres ? Les intentions de dominer et de maîtriser, ont justifié l’exploitation massive des ressources jusqu’à s’approprier l’essentiel des milieux terrestres et aquatiques formant la biosphère (Steffen et al, 2015) sans pour autant en mesurer les limites écosystémiques, qui sont les conditions de la vie.

Quels sont donc les autres modes d’actions possibles pour imaginer les mutations de l’anthropocène en prenant en compte les nombreuses relations d’interdépendances et les dynamiques d’évolutions permanentes du vivant (Morizot, 2020) ?

Mobiliser toutes les connaissances sur les facultés d’actions du vivant et ses aptitudes de transformations continues, que Gilles Clément a baptisé « génie naturel »[5] est la première étape de la transition.  La compréhension des modes de vie des communautés humaines et des interrelations avec leurs territoires est la deuxième phase de cet apprentissage collégial. Nous posons l’hypothèse que la conscience systémique[6] des situations est de ce fait fondatrice et que la capacité à répondre de ses actes est inhérente aux sujets agissants[7] pour élaborer un futur habitable (Jonas et al, 1998)[8]. Alors comment agir de manière compétente[9] en tant qu’architecte ? Cette question interroge la définition de l’architecture comme acte de bâtir participant à modifier le monde. En conséquence quelle peut être la nature de ces transformations dans le contexte actuel de fragilité des milieux de vie ? Comment désormais agir avec eux ? Comment concevoir en termes de coévolution, de synergies et de soins, voire de réparation ? De quelle manière intégrer « le nouveau régime climatique » (Latour, 2015) ? Quelles sont les conséquences sur les processus de conception ? Comment évaluer les conditions de nos choix de modes vie ? Réinterroger ce que peut signifier aujourd’hui agir avec le monde en tant qu’architecte est un décalage heuristique qui permet de redéfinir la place de la discipline architecturale et, en conséquence, interpelle aussi les savoir-agir développés dans les écoles tout autant en termes de pédagogie que de recherche. Comment se projeter en architecte agissant ?


[1] La transition écologique correspond à l’échelle d’une société en une série de recompositions spatiales pour une meilleure cohabitation avec le Vivant (humains et non-humains), qui partagent les milieux terrestres.

[2] « Agis de telle sorte que la pratique du pillage et d’externalisation en vigueur jusqu’ici puisse être remplacée par un éthos de la protection globale. Agis de telle sorte que les conséquences de ton action n’engendrent pas de nouvelles pertes de temps dans la négociation de ce virage devenue indispensable dans l’intérêt de tous. » Appel à l’action de Peter Sloterdijk, (2000). La mobilisation infinie : vers une critique de la cinétique politique

[3] Callon, M., Lascoumes, P. Barthe Y. (2001). Agir dans un monde incertain, essai sur la démocratie technique.

[4] « Il n’y a que ce qui transforme qui est vivant. Cette transformation implique et mobilise différents agents tels que la terre, l’eau, le feu, etc., qui confèrent une agentivité autrement dit une faculté action au vivant. » Ribet N. Nowakofsky F. (2022). La biorégion en projet, penser les futurs possibles d’une vallée ardéchoise. « Le propre du vivant est, entre autres, son agency (Rosslenbroich, 2016), terme anglais qui renvoie au pouvoir d’agir ». Masciotra D. (2017). « La compétence : entre le savoir agir et l’agir réel. Perspective de l’énaction », Éthique publique, vol. 19, n° 1.  2017

[5] Clément, G. (2012). Jardins, paysage et génie naturel.

[6] En référence à la définition d’Edgar Morin : « des esprits incapables de relier les connaissances ; de reconnaitre les problèmes globaux et fondamentaux, de relever les défis de la complexité. » Morin E. (1999). Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur.

[7] « Peu importe ce que la personne fait, son agir est toujours un acte de transformation de quelque chose qui lui est extérieur : déplacer, analyser, interroger, chanter, frapper, caresser… bref, tous les verbes d’action visent à modifier « plus ou moins ce qui est pour le rendre signifiant pour soi. » (Le Petit Robert)

[8] Jonas, H., Breda, L., Cornille, S., & Ivernel, P. (1998). Pour une éthique du futur. Rivages.

[9] « L’agir compétent concerne la compétence en action et en situation et renvoie à une personne qui agit avec intelligence pour se situer, se positionner en situation, transformer la situation en vue de l’améliorer et prendre un recul réflexif vis-à-vis de la situation. » (…) « C’est donc dans la qualité de l’action de la personne réalisant une activité qu’il est possible de décider si cette personne est compétente ou pas. Il s’ensuit que la compétence se définit en termes d’agir compétent. » Masciotra D. Medzo F. (2009). Développer un agir compétent : Vers un curriculum pour la vie.

ARGUMENTAIRE DES RENCONTRES

Il s’agit de présenter des témoignages concernant les actions et le processus de mise en œuvre dans les réalisations, les recherches et expérimentations au sein des pratiques et métiers de l’architecture, du cadre bâti et de l’environnement.

Objectifs: 1. Rendre compte de recherches et pratiques innovantes de terrain et leurs nécessaires répercussions pédagogiques. 2. Échanger sur ces thématiques, sur les problématiques qu’elles soulèvent, comme sur les inspirations qu’elles suscitent.

Les communications portent sur des pratiques innovantes et créatives en lien avec la thématique de la transition écologique et abordent :

1. Processus de développement 2. Processus d’accompagnements, 3. Freins, ressorts, points de blocage 4. Impact sur les métiers, les pratiques, et les compétences, 5. Retour critique : pertinence et interrogations.

Les questionnements de cet appel à communications visent à ouvrir des pistes à partir de recherches, pratiques et formations alliant insertion économique, conception nouvelle et transition écologique. On s’attachera à interroger la manière d’intégrer des objectifs écologiques et sociaux aux objectifs économiques.

On s’attachera également à interroger la manière d’intégrer à la pédagogie des écoles ces pratiques innovantes de terrain. Le changement de modalités d’intervention peut être amené à devenir aussi radical que le bouleversement climatique s’annonce inéluctable.

LE RÉSEAU ENSAÉCO

Le réseau EnsaÉco, « pour l’enseignement de la transition écologique dans les Écoles Nationales Supérieures d’Architecture et de paysage » tend à valoriser et à accélérer des pratiques pédagogiques vertueuses, émergentes et démonstratives du point de vue écologique, qui se pratiquent d’ores et déjà dans les Ensa.

Les rencontres du réseau ont aussi la vocation de tisser des liens de solidarité, de révéler des convergences d’actions entre les enseignants, les étudiants, les praticiens et les usagers des territoires.

Les rencontres du réseau, dont quatre ont déjà au lieu depuis 2017 (accueillies par les Ensa de Lyon, Nancy, Montpellier et Paris-Malaquais) et permettent :

  • de fédérer les membres de notre communauté,
  • de faire connaître les activités pédagogiques plurielles liées à l’écologie dans les écoles d’architecture et de paysage,
  • recherche sur la transition écologique dans les écoles d’architecture et de paysage.
  • mettre en lumière et discuter les pratiques et recherches développées

SESSION EXPLORATION DU RÉEL 2

Modérateurs : Aline BARLET (ENSAP Bordeaux) & Dimitri TOUBANOS (ENSA Paris Val-de-Seine)

Atelier du Limousin : retour sur une expérience en cours, Paul-Emmanuel LOIRET (ENSA Paris Val-de-Seine)

“Dispositifs pédagogiques expérimentaux et commandes pour les territoires ruraux : L’apport des projets hors les murs, l’exemple de l’atelier des horizons possibles.” par Florence SARANO, Yvann PLUSKWA, Jordan CZRUPZAK (ENSA Marseille)

“Le modèle du hameau comme levier de mutation de l’habitat diffus en milieu rural” par Marc VERDIER, Gwénaëlle ZUNINO (ENSA Nancy)

EXTRAIT DU PROGRAMME

Bienvenue et introduction des journées:

Pierre FERNANDEZ (Directeur de l’ENSA Toulouse), Frédéric GASTON, Stéphanie CELLE, Karine GOURLAOUEN (Ministère de la Culture), Dimitri TOUBANOS, Philippe VILLIEN (COPIL EnsaÉco), Catherine AVENTIN, Isabelle FORTUNÉ, Juan-Carlos ROJAS-ARIAS (ENSA Toulouse)

CONFÉRENCE

Grand témoin Emmanuel PEZRES,

Élargir la réflexion : architecte de la commune, architecte des communs

Architecte à la Ville de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis),

A visionner en ligne = conférence essentielle

COMITÉ D’ORGANISATION

Catherine AVENTIN (ENSA Toulouse) / Isabelle FORTUNÉ (ENSA Toulouse) / Clémentine LABORDERIE (ENSA Toulouse) / Juan-Carlos ROJAS ARIAS (ENSA Toulouse) / Éric ALBISSER (ENSA Strasbourg) / Aline BARLET (ENSAP Bordeaux) / Marc DE FOUQUET (ENSA Nancy) / Nicolas DUBUS (ENSA Grenoble) / Vincent DUCATEZ (ENSAP Lille) / Estelle MORLÉ (ENSA Lyon) / Dimitri TOUBANOS (ENSA Paris Val-de-Seine – Animateur EnsaÉco) / Philippe VILLIEN (ENSA Paris-Belleville –Pilote EnsaÉco)

PROGRAMME EN LIGNE