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C’est un projet de création d’un habitat social rural basé sur la maison comme unité de base c’est-à-dire de revenir à la maison comme espace privé familial tout en permettant l’ouverture au groupe social du hameau, au coeur d’une châtaigneraie de l’Ardèche. Patrick Bouchain. … Lire la suite …

LES BOGUES DU PLAT _ PATRICK BOUCHAIN

Beaumont _ Ardèche _ France _ 2010







La Vallée de la Drobie, située dans le Parc naturel régional des Monts d’Ardèche est un territoire en mutation. Vallée aux versants abrupts, elle a été aménagée en terrasses au fil des siècles afin de permettre la culture mais ce relief est progressivement devenu trop contraignant pour une agriculture qui s’est mécanisée. Depuis plus d’un siècle, l’ensemble des Cévennes ardéchoises a subi un lent processus de déprise agricole, composant au fil du temps un paysage d’abandon. Cette tendance s’est traduite par un important exode rural, qui a atteint son point culminant dans les années 70. Depuis peu, la vallée connaît un nouvel intérêt résidentiel et touristique qui a suscité des aménagements de plus en nombreux, pas toujours adaptés et remettant en cause le développement local.

La commune de Beaumont a décidé de s’impliquer dans une démarche de maîtrise des projets de construction et d’aménagement de l’espace pour répondre à une demande croissante de terrains à bâtir ou d’habitats traditionnels. Elle s’est lancée dans un projet d’aménagement et de développement durable, mettant l’accent sur la nécessité de définir de nouvelles zones d’habitation associant habitat individuel et habitat collectif en un nouveau hameau s’inspirant de l’ancien existant. Elle a, dans cette perspective, souhaité confier à un architecte d’établir un projet de création d’un habitat social rural basé sur la maison comme unité de base c’est-à-dire de revenir à la maison comme espace privé familial tout en permettant l’ouverture au groupe social du hameau.

La réponse de Patrick Bouchain et de l’équipe Construire a permis d’aller au-delà des premières intentions, d’ouvrir la commande à leur démarche expérimentale et de s’interroger sur la possibilité de construire autrement.

Le bureau Construire instaure un processus associant étroitement population, entrepreneurs, futurs habitants, architectes et artistes afin de faire de la construction un acte culturel. Les grandes orientations du projet ont été tracées : créer un habitat social rural basé sur la maison comme unité de base, revenir à la maison comme espace privé familial tout en permettant l’ouverture au groupe social du hameau.

Un schéma général est établi pour huit habitations. Ce schéma peut être réalisé en plusieurs phases, en fonction des besoins de la municipalité et du nombre des demandes. Une première tranche comprend entre trois et cinq habitations en fonction des premières personnes cooptées. Chaque maison sera implantée à cheval sur plusieurs faïsses, mais chacune sera desservie par une faïsse particulière (privative). Les faïsses non-privatives pourront être exploitées en jardin commun. Chaque habitation aura donc sa sphère privée tout en étant incluse dans un ensemble collectif. Une voirie latérale desservira chaque niveau, mais les places de stationnement seront regroupées et éloignées des habitations.

La construction initiale est constituée d’une charpente en ogive, de sa couverture et de l’aménagement du seul rez-de-chaussée (avec séjour, chambre, cuisine et salle de bains). Le reste du volume est clos de façon légère. A partir de cet habitat initial, deux hypothèses peuvent être développées : la location simple du volume en l’état. Le locataire peut rester dans cette configuration initiale ou ultérieurement étendre progressivement la partie habitable à l’intérieur des volumes laissés libres. Ou bien, une possible accession progressive à la propriété dans le cadre d’un montage défini avec le maître d’ouvrage.

De l’utopie à la réalité

Construire pour quelqu’un : démonter l’habituelle hiérarchie maître d’ouvrage / architecte / entrepreneurs / futurs habitants ; la remplacer par une synergie où chacun apporte sa part, en y associant artistes
et population : faire de l’acte de construire un acte culturel fondateur.

Vivre avec ses voisins : mettre en œuvre, avant de construire, une démarche participative au cours
de laquelle les habitants à venir se cooptent, définissent ensemble leurs règles de vie en société,
droits et devoirs, les limites entre vie privée et vie publique, leur insertion à la vie du village pour fonder un «vivre ensemble» où chacun donne et reçoit.

Que chacun apporte sa pierre : laisser dans le logement dit « social » la place à une part d’auto-finition, voire l’organiser, pour baisser les coûts et de faire en sorte que chacun fasse sien son logement
et par conséquent le respecte.

Construire « écologique » : ossature bois, toilettes sèches, lagunage, récupération d’eau de pluie, etc.

Acquérir son logement : être propriétaire de son logement, pourquoi ne serait-ce réservé
qu’aux privilégiés, les autres payant toute leur vie un loyer à fonds perdu?
Un mécanisme d’accession progressive à la propriété doit également être initié pour le logement social.

Habiter et travailler : habiter en milieu rural relève d’un projet de vie. Il faut prévoir, à proximité, ateliers relais, jardins potagers, terres agricoles.

Voilà brièvement résumés, les quelques principes qui fondent le projet de construction de logements
de la commune de Beaumont, fruit de la coopération entre les élus et l’atelier d’architecture Construire.

Pascal Waldschmidt, maire de Beaumont

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